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AnalyseL’impact rapide d’un attaquant repêché dans le top 5 est de moins en moins assuré

Montage de trois photos des joueurs en action.

Tij Iginla, Ivan Demidov et Cayden Lindstrom

Photo : Montage Radio-Canada Sports / Courtoisie Americans de Tri-City, SKA Saint-Pétersbourg, Tigers de Medecine Hat

Si le Canadien repêche un attaquant avec le cinquième choix au total, à la fin juin, quand peut-on espérer que ce nouvel espoir ait un impact significatif sur la progression de l’équipe?

Si ce n’est pas quelqu’un qui est prêt l’an prochain, ça devrait être quelqu’un qui est prêt pas longtemps après, a répondu le DG Kent Hughes, mardi, lorsqu’un journaliste lui a demandé dans quelle mesure on pouvait envisager que le premier choix du Canadien puisse obtenir un poste avec l’équipe dès l’automne.

Si l’on regarde cette année, les trois premiers joueurs ont joué dans la LNH. J’imagine qu’il y aura plusieurs autres joueurs issus du repêchage de 2023 qui vont monter dans la Ligue nationale cette année.

Attardons-nous sur l’apport des cinq premiers attaquants repêchés chaque année, car c’est vraisemblablement dans ce groupe que le CH ira piger cette année.

Il écarte les bras sur la glace.

Macklin Celebrini pourrait être l'exception à la règle, dans cette cuvée 2024.

Photo : tt news agency/afp via getty ima / BJORN LARSSON ROSVALL

Comme le souligne Hughes, Connor Bedard, Leo Carlsson et Adam Fantilli ont tous évolué dans la LNH sitôt repêchés. Will Smith et Matvei Michkov, eux, ont poursuivi leurs classes ailleurs. L’année précédente, toutefois, Juraj Slafkovsky avait été le seul parmi les cinq premiers attaquants choisis à faire le saut immédiatement. Et en 2021, aucun des cinq premiers attaquants sélectionnés n’a joué de saison complète dans la LNH dans leur première année d’admissibilité.

On relève plusieurs cas d’attaquants qui ont bénéficié d’un essai à l’âge de 18 ans avant de s’établir à 19 ou 20 ans.

Au cours des cinq derniers repêchages, 16 attaquants sur les 25 nommés dans les cinq premiers ont quand même passé la majorité de leur temps dans la LNH dès leur première ou deuxième saison après leur repêchage. Il s’agit d’un nombre appréciable.

Dans les cinq repêchages précédents, c’était 17 joueurs sur 25. L’accession à la grande ligue est donc demeurée la même avec les années. Cela laisse croire qu’il y a de bonnes chances, en effet, que l’attaquant réclamé par le Tricolore se joigne à l’équipe dans un horizon de deux ans.

Il y a toutes sortes de raisons de faire jouer un espoir dans la LNH rapidement après son repêchage. Il y a des surdoués comme Bedard (ou bientôt comme Macklin Celebrini) qui n’ont rien à gagner à évoluer ailleurs que dans la meilleure ligue du monde. Il y a aussi des équipes démunies qui, dans certains cas, vont pallier le manque de talent en accélérant l’intégration d’un jeune afin qu’il rehausse le niveau.

Mais le fait qu’au cours des 10 derniers repêchages, les deux tiers de ce groupe d’attaquants repêchés tôt aient atteint la LNH à 18 ou 19 ans pourrait aussi s’expliquer par les rigueurs du plafond salarial.

Après le lock-out de 2012, le plafond salarial a connu trois années de forte croissance avant de s’aplanir par la suite. Depuis 2016, la LNH n’a connu qu’une seule saison où le plafond a augmenté de plus de 3 %, soit en 2018-2019 (6 %). Cela a créé un goulot d’étranglement dont la ligue sortira enfin la saison prochaine avec une hausse prévue d’environ 5 % du plafond salarial.

Durant toutes ces années où le plafond salarial était particulièrement contraignant, la nécessité pour les équipes d’ajouter du talent à bas prix semblait renforcée. Il n’y a pas si longtemps, on disait qu’avoir un jeune attaquant capable d'apporter sa contribution parmi l'élite pendant qu’il écoule son contrat d’entrée pouvait faire toute la différence pour une équipe.

Même chez les espoirs qui n’étaient pas repêchés en premier, on voyait d’un bon œil qu’ils allègent la pression financière tout en augmentant la compétitivité de leur équipe.

Entendons-nous, une contribution de haut niveau à petit prix est aussi utile qu’avant. Mais le phénomène est plus rare de nos jours, car l’apport offensif des hauts choix de repêchage n’est plus celui que l’on observait il y a une dizaine d’années.

Une éclosion au bon moment

Modifions légèrement le champ d’études afin de laisser le temps aux attaquants qui ont été repêchés lors des deux derniers encans de tous arriver dans la LNH.

Si l’on s’en tient aux repêchages de 2017 à 2021, les cinq premiers attaquants de chaque cuvée ont tous goûté à la LNH. Mais sur ces 25 attaquants, seulement 11 ont réussi une saison de 50 points ou plus. Le plateau des 50 points est arbitraire, mais il reflète encore aujourd'hui une production aisément digne des deux premiers trios.

À titre comparatif, entre 2013 et 2016, 14 attaquants sur 20 avaient atteint les 50 points au moins une fois à leurs trois premières saisons. Et cela s’est produit, rappelons-le, à une époque où il se marquait moins de buts.

L’excellente production de Bedard en tant que recrue des Blackhawks de Chicago cette saison fait figure d’exception. Parmi les premiers choix au total qui l’ont précédé, Jack Hughes (dont les premières saisons ont certes été ralenties par les blessures et la pandémie) avait franchi la barre des 50 points à sa troisième campagne, et Alexis Lafrenière à sa quatrième.

Il est plus difficile depuis quelques années pour les jeunes attaquants d’avoir un impact à l'attaque tôt dans leur carrière, ce qui rend la saison que vient de connaître Slafkovsky digne de mention.

Un joueur de hockey célèbre son but en levant son bras.

Juraj Slafkovsky a atteint le cap des 20 buts et des 50 points lors du tout dernier match de la saison.

Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis

Dans la position où se trouve le Canadien, il n’y a pas de réelle urgence à ce que son prochain choix de premier tour rapporte des dividendes immédiatement. Suivant ces données, s’il fallait attendre trois ans – ou même quatre – avant que l’espoir dans le top 5 du prochain repêchage fasse sa marque, son émergence coïnciderait avec le moment où l’équipe sera prête à faire des dommages dans les séries éliminatoires.

Imaginons par exemple que le Tricolore mette la main sur Cayden Lindstrom et que ce dernier arrive dans la LNH au début de la saison 2025-2026. Même s’il ne décollait vraiment qu’à sa troisième saison, donc en 2027-2028, tout le jeune noyau serait encore sous la maîtrise de l’équipe et serait à son apogée.

Dans cette perspective, il paraît encore plus évident que l’important n’est pas que le jeune espoir repêché vienne en renfort rapidement, mais qu’il soit capable d’atteindre un haut potentiel lorsque l’équipe sera prête à gagner.

Évidemment, repêcher l’un des cinq premiers attaquants n’est pas un gage de succès. Des erreurs comme celle d’avoir préféré Jesperi Kotkaniemi à Brady Tkachuk peuvent avoir de réelles incidences sur le destin d’une équipe. Mais on trouvera peut-être réconfort dans le fait que sur l’ensemble des 10 derniers repêchages, les 5 premiers attaquants choisis chaque année ont amassé 10 418 points en 13 878 matchs. De Connor McDavid à Alex Turcotte, d’Auston Matthews à Lias Andersson, de Nathan Mackinnon à Michael Dal Colle, cela correspond à une moyenne de 62 points sur 82 matchs.

On est très confiants qu’on va être en mesure de repêcher un bon joueur, a dit Hughes mardi soir.

On est en droit de l’espérer.

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