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AnalyseFernando Alonso et les pauses café de Suzuka

Un pilote de F1 de face regarde droit devant lui.

Fernando Alonso

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Toto Wolff dit qu’il attendra « quelques semaines, voire quelques mois » avant de se pencher sur le remplacement de Lewis Hamilton.

Bien sûr, dès que le Britannique lui a annoncé qu’il avait choisi de poursuivre sa carrière avec Ferrari à partir de 2025, le dirigeant autrichien a enclenché le processus.

Il y a, sur l’échiquier des transferts, deux pièces maîtresses qui pourraient bouger et que Toto Wolff surveille de près.

Première pièce : Fernando Alonso. Tout le monde sait que son contrat vient à échéance à la fin de la saison 2024. L’Espagnol a le gros bout du bâton, car Aston Martin veut le garder, Mercedes-Benz est intéressée, Red Bull aussi. Il peut donc faire monter les enchères.

Alonso sait maintenant que Hamilton et Russell ne sont pas contents des performances de la W15, dont la lacune principale, a-t-il remarqué à force de les observer, est son manque d’efficacité dans les courbes rapides.

Deux monoplaces F1, de face, se font la lutte sur un circuit éclairé.

Lewis Hamilton et Fernando Alonso au Grand Prix de Bahreïn.

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Hamilton n’a pas confiance dans sa W15, et son pilotage s’en ressent. Alonso a-t-il envie de finir sa carrière dans une équipe qui en arrache depuis deux ans, qui n’est visiblement plus la même depuis le titre perdu de 2021?

On écrit dans la presse spécialisée qu’un autre que Toto Wolff à la tête de l’équipe F1 Mercedes-Benz aurait déjà perdu son poste. Il est actionnaire à hauteur de 33 % de la société Mercedes-Benz Grand Prix Limited qui gère les activités de Mercedes-Benz en sport automobile, et son poste est protégé.

Est-il toujours l’homme de la situation? De mauvais choix techniques ont miné les performances des W13, 14 et 15, et l’image d’invincibilité de l’équipe allemande a volé en éclats.

Toto Wolff.

Toto Wolff

Photo : Getty Images / Drew Gibson

Déjà privé de son ancien bras droit James Vowles, qui est parti diriger l’équipe Williams, Toto Wolff perdra Lewis Hamilton avec qui il travaille depuis 10 ans et qui est devenu un ami.

Je dois garder mon calme et savoir comment gérer 2024 au mieux, et quelles décisions prendre pour la suite, a dit Wolff au journal français L’Équipe le 5 février.

La décision d’engager ou non Fernando Alonso, il devra la prendre rapidement, car l’Espagnol ne tardera pas à prendre la sienne.

Alonso veut prolonger sa carrière et se battre pour la victoire. Il s’est donc transformé en mercenaire de piste. Fin négociateur, il souhaitera obtenir un contrat pluriannuel, comprenez minimum deux ans, pour pouvoir prolonger sa carrière en F1 et vivre la révolution technique de 2026, quand les équipes de F1 mettront en piste de nouvelles monoplaces, plus petites et plus légères, mues par de nouveaux moteurs hybrides.

Choisira-t-il de prolonger son contrat avec Aston Martin? C’est sa police d’assurance, mais ce ne sera pas son premier choix.

Une monoplace F1 négocie un virage à gauche sur un circuit.

Fernando Alonso à Bahreïn dans l'AMR24.

Photo : Getty Images / Rudy Carezzevoli

Il voit que l’AMR24 n’est pas aussi performante que l’AMR23, il voit qu’il a peu de chances de remonter sur un podium cette saison en performance pure (à moins que ce soit circonstanciel), et il voit que l’équipe n’est pas aussi gourmande qu’il le souhaiterait.

Aston Martin lui avait promis une évolution de la monoplace de course en course. Or, on lui a appris que la prochaine évolution de l’AMR24 était prévue pour la première course européenne, le Grand Prix d’Émilie-Romagne, à la mi-mai. De quoi refroidir l’Espagnol qui place donc déjà ses pions pour 2025, chez Mercedes-Benz et chez Red Bull.

La crise qui secoue Red Bull finira-t-elle par faire exploser l’équipe dont la licence est autrichienne depuis 2007?

D’un côté, il y a le clan autrichien de Dietrich Mateschitz, le cofondateur de l’empire (aujourd’hui décédé), qui détenait 49 % des parts (détenues aujourd'hui par son fils Mark), dont fait partie Helmut Marko, le conseiller F1 de Red Bull, qui a comme atout d'avoir la confiance de Max Verstappen.

De l’autre, il y a le clan thaïlandais de l’actionnaire majoritaire Chalerm Yoovidhya, le fils de l’autre cofondateur de l’empire (Chaleo Yoovidhya, aussi décédé) qui a hérité des 49 % des parts de son père (et qui détient personnellement les 2 % restants).

Un groupe de personnes qui regardent en l'air.

Chalerm Yoovidhya, actionnaire majoritaire de l'empire Red Bull, aux côtés de Christian Horner et de Gerri Halliwell à Bahreïn

Photo : Getty Images / Mark Thompson

L’homme d’affaires de 73 ans soutient pour l'instant le Britannique Christian Horner, l’actuel directeur de l’équipe F1, en pleine tourmente au sujet des révélations sur une prétendue relation extraconjugale avec une ancienne assistante (basée sur une correspondance électronique).

La plaignante a porté en appel la décision de Red Bull de blanchir Christian Horner de toute accusation de comportement inapproprié (au terme d’une enquête interne), et a porté plainte à la FIA (pour qu’elle fasse enquête de son côté). Suspendue avec salaire, elle poursuit maintenant son employeur et compte éventuellement se tourner vers le tribunal du travail britannique.

Malgré les allégations et le scandale, Chalerm Yoovidhya aurait toujours l’ambition de confier de plus grandes responsabilités à Christian Horner dans l’empire Red Bull, dont le siège social quitterait Salzburg, en Autriche, pour s’installer à Dubaï. Une réunion au sommet des dirigeants de Red Bull, incluant Christian Horner, a eu lieu dans la foulée du Grand Prix d’Arabie saoudite, rapporte le magazine allemand Auto Motor und Sport. Le Britannique en serait sorti rassuré sur son avenir, précise le magazine.

C’est si, bien sûr, il sort blanchi de tout soupçon de comportement inapproprié au terme des démarches de la plaignante.

Cette prise de contrôle permettrait à Chalerm Yoovidhya de pousser Helmut Marko (dont Christian Horner n’aime pas le franc-parler) vers la sortie au risque de perdre Max Verstappen.

Trois hommes, dont un en combinaison de pilote, discutent dans un garage, devant des écrans.

Christian Horner, Max Verstappen et Helmut Marko dans le garage de Red Bull

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Toto Wolff suit donc cette saga de très près, car Max Verstappen, c’est l'autre pièce de l'échiquier qu'il surveille.

Le Néerlandais trouve très lourde l’ambiance dans l’équipe. Son abandon en Australie, causé apparemment par un étrier de frein défectueux, est maintenant sujet à débat. L’entreprise italienne Brembo, spécialisée dans les systèmes de freinage, nie toute défectuosité de son étrier et pointe plutôt les réglages choisis par l’équipe. On se renvoie donc la balle.

Et ne nous avançons pas sur le terrain des théories complotistes (un possible sabotage ou un oubli intentionnel)...

Si le pilote néerlandais, las de toutes ces chicanes, décide de quitter Red Bull, il étudiera toute offre raisonnable de Mercedes-Benz, qui lui permettrait de rester dans une équipe de pointe, les deux autres (McLaren et Ferrari) ayant déjà confirmé l’identité de leurs pilotes. Ce serait une douce revanche pour lui, car Toto Wolff lui avait fermé la porte de l'équipe en 2014.

La porte s'est apparemment ouverte, car Jos Verstappen (le père de Max) et l'agent de son fils, Raymond Vermeulen, ont soupé avec Toto Wolff à Bahreïn. Ont-ils discuté en détail d'un éventuel transfert?

Alonso pourrait s’engouffrer dans la brèche ouverte par le départ de Verstappen et passer chez Red Bull afin de piloter la meilleure monoplace du plateau depuis 2022. Ce serait pour lui une aubaine.

Il aurait eu, selon le quotidien britannique The Telegraph, une conversation sérieuse avec Christian Horner.

Mais il y a un obstacle : sa relation avec le motoriste Honda, partenaire de Red Bull, apparemment tendue depuis son passage chez McLaren.

On se souvient de son commentaire lapidaire par radio pendant le Grand Prix du Japon de 2015 sur la mauvaise performance du moteur Honda de sa McLaren : GP2 engine, GP2… Arghhh. Les Japonais avaient été humiliés ce jour-là, en direct, à domicile par surcroît.

Si en effet, Honda ne veut plus travailler avec Fernando Alonso, il est peu probable que l’Espagnol s’entende avec Red Bull. Il accepterait une offre de Mercedes-Benz surtout si elle était pluriannuelle, avant que Max Verstappen ne décide de son avenir.

C’est peut-être la raison qui incite Toto Wolff à ne pas précipiter son choix.

De toute façon, si Verstappen reste chez Red Bull, si Alonso reste chez Aston Martin, Toto Wolff peut aller chercher Carlos Sainz fils, fort de son succès en Australie alors qu'il se remettait à peine de son opération à l'appendice. La performance de l'Espagnol tombe à point.

Après sa crise d'appendicite, il n’était toujours pas à 100 %, après avoir appris qu’il ne serait plus chez Ferrari en 2025, vous avez un bon exemple de ce que la volonté de l'humain peut accomplir, a dit l'Autrichien admiratif.

Toto Wolff pourrait aussi décider de préparer l’avenir en engageant un pilote de sa filière, le jeune pilote de F2 Andrea Kimi Antonelli, actuellement 9e au classement de la F2, dont il dit grand bien.

Mercedes-Benz soutient Antonelli depuis 2019 après avoir vu son talent en karting. Après trois saisons en catégorie formule, il a déjà sa place en F2.

Une monoplace, de profil, roule sur un circuit.

Andrea Kimi Antonelli dans la F2 de l'équipe Prema

Photo : Getty Images / Clive Mason

Le jeune Italien de 17 ans doit d'abord remporter un titre en F2, et cette année, Prema a mis en piste une nouvelle monoplace, ce qui lui complique la tâche. Toto Wolff doit forcément garder un œil sur son protégé.

Si tous les volants dans les équipes de pointe sont attribués, Fernando Alonso ferait donc une dernière saison chez Aston Martin, sa police d’assurance, avant de prendre sa retraite, car il est fort peu probable que l’équipe de Lawrence Stroll lui offre un contrat pluriannuel.

Elle a en effet choisi de changer de motoriste en 2026 et de passer dans le camp Honda. Honda voudra imposer un pilote japonais aux côtés de Lance Stroll, si le Québécois est toujours en F1. En effet, il est question que la société pétrolifère saoudienne Aramco rachète l’équipe F1 dont elle est partenaire en titre (title partner) jusqu'en 2028.

Lawrence Stroll a déjà refusé deux offres de plus d’un milliard de dollars canadiens. Combien de temps résistera-t-il aux dollars saoudiens?

L’homme d’affaires canadien tenterait, selon certaines sources, de profiter du climat malsain chez Red Bull pour convaincre l’ingénieur britannique Adrian Newey de quitter Red Bull et de se joindre à Aston Martin dans ses nouvelles installations.

Cela dans le but à court terme d’augmenter la valeur de l’équipe et de la vendre à Aramco à un meilleur prix.

Adrian Newey a dessiné des monoplaces d'un raffinement aérodynamique rarement égalé partout où il est allé (de March/Leyton House à Red Bull en passant par Williams et McLaren). Son dernier contrat avec Red Bull (pluriannuel, signé en 2023) lui rapporterait 9 millions d'euros par année (13,2 M$ CA), selon le quotidien The Guardian.

Un homme, concentré, avec des écouteurs et une casquette de baseball sur la tête, regarde son cahier de notes.

Adrian Newey dans le garage Red Bull.

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Fernando Alonso voudra-t-il rester chez Aston Martin en 2025 si, en effet, les Saoudiens devaient prendre le contrôle de l'équipe?

Pour assurer ses arrières, il profitera peut-être du Grand Prix du Japon, disputé le week-end du 7 avril (et non à l’automne comme avant), pour retisser des liens avec Honda. Sa performance sur ce circuit rapide qu’il connaît bien, où il est généralement à l’aise, lui donnera des munitions pour placer ses pions.

En raison de la stabilité réglementaire entre 2023 et 2024, les équipes croient qu’on aura à Suzuka un vrai portrait des forces en présence, à moins que les conditions climatiques soient très différentes de celles de l’automne dernier. Or, la météo sera sensiblement la même, on prévoit du soleil et 23 degrés Celsius pour le jour de la course.

En 2023, Aston Martin n’avait pas brillé à Suzuka, Alonso s’était qualifié en 10e place dans une AMR23 qui n’avait pas évolué au même rythme que celles des équipes de pointe, et il avait fini la course au 8e rang.

Ce qui nous laisse croire que ce n’est pas en piste qu’il faudra surveiller Fernando Alonso le week-end prochain, mais bien dans le paddock au moment des pauses café…

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