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Skier à l’année sur les Chic-Chocs

Skier à l’année sur les Chic-Chocs

Texte : Catherine Poisson Photographies : Louis Pelchat-Labelle

Publié le 12 juillet 2022

À 22 ans, Félix Savard-Côté se retrouve au cœur des monts Chic-Chocs et enfile des skis pour la toute première fois de sa vie, loin des pentes-écoles et des remontées mécaniques. Cette première descente, face à face avec l’immensité de ce territoire, va tout changer. Dix ans plus tard, Félix est l’une des figures emblématiques du hors-piste en Gaspésie et est connu pour skier à longueur d’année sur ces montagnes dont le nom signifie barrière impénétrable, en mi’kmaw.

Skier à l'année sur les Chic-Chocs. Photo : Patrick Gauthier

La ruée vers l’or blanc
La ruée vers l’or blanc

– Si tu cours pas, tu viens pas!

Félix s’élance dans la forêt dense, sûr de savoir exactement quelle direction prendre malgré l’absence d’indications ou de sentier. Son ami et partenaire de ski, Olivier Dion, le suit. Le soleil tape fort et Félix ne porte que ses souliers de randonnée, une paire de shorts, une casquette… et un sac à dos où sont fixés deux longs skis.

Le mois de juin est bien entamé en Gaspésie. Les randonneurs venus des quatre coins de la province ont déjà pris d’assaut les sentiers verdoyants qui traversent les monts Chic-Chocs à la recherche de ses célèbres paysages et, s’ils sont chanceux, de caribous. Mais Félix Savard-Côté, lui, cherche la neige. Et il sait où la trouver.

On ne compte qu’une poignée de skieurs assez motivés pour fréquenter les derniers secteurs enneigés des Chic-Chocs en juin et juillet, et Félix est sans aucun doute parmi les plus assidus du lot.

Pour moi, si je dis que j’ai skié en juin, ça veut dire que j’ai skié une quinzaine de jours en juin. Je ne vais pas me contenter de faire une sortie juste pour cocher un mois.

Skier toute l’année en Gaspésie, c’est d’ailleurs ce qui a contribué à faire connaître Félix sur les réseaux sociaux, où il documente la grande majorité de ses journées de ski, de la préparation de l’équipement au petit matin jusqu’au retour à la maison, qui se fait souvent une fois la nuit tombée.

Je ne me suis jamais donné la mission de skier tous les mois de l’année, mais tant qu’il y a de la neige, je suis là. C’est vraiment pour l’amour du sport. Et vu que j’ai commencé à skier tard dans ma vie, il fallait que je skie le plus que je pouvais, dans toutes les conditions, pour devenir assez bon pour faire ce que je voulais faire, explique le jeune trentenaire originaire de Drummondville.

Dans une story publiée sur Instagram en juin, on peut voir le bout des skis de Félix glisser sur une pente creusée de coupes de soleil, ces trous qui se forment sur la neige chauffée par les rayons et qui rappellent les alvéoles créées par les abeilles.

Sur une autre, il s’élance avec enthousiasme sur ce qu’il appelle des pépites de chocolat, soit des bouts d’obstacles enfouis sous la neige et qui commencent à apparaître lorsqu’elle fond suffisamment. 

On y voit ensuite Olivier qui s’apprête à descendre à son tour sur l’étroite ligne de neige.

Cela fait maintenant huit ans que Félix et Olivier skient ensemble, liés par la même passion et la même énergie intarissable.

Tant qu’à faire de la randonnée d’été, j’ai des skis qui font moins d’un kilo chaque, alors je me dis : ­"Je vais les traîner, ça fait un bonbon au bout de la randonnée", explique Olivier, avant d’ajouter que pratiquer un sport différent l’été, comme le kayak de rivière ou le vélo de montagne, coûterait très cher et demanderait beaucoup de temps d’entraînement. Alors, pourquoi ne pas s’en tenir au ski?

Un skieur alpin descend sur une piste peu enneigée en été.

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Skier à l'année sur les Chic-Chocs Photo : Félix Savard-Côté

Les périls de la neige éternelle

Évidemment, skier l’été implique de se rendre dans des secteurs souvent difficiles d’accès et très isolés. Par exemple, la chaleur fait fondre la neige en surface, et par en dessous, là où elle touche le sol, ce qui crée des ponts de neige parfois traîtres.

Si ça cède, tu tombes un peu dans le vide, et parfois tu peux tomber de haut, explique Félix. Il peut aussi y avoir des chutes de roches ou des obstacles à la surface, vu qu’il y a moins de neige.

Un homme en short et torse nu sur du gazon porte sur son dos de l'équipe de ski alpin. Il a le bras en l'air avec un bâton de ski à la main pour mesure une falaise de neige.
L’été, la chaleur fait fondre la neige qui est en contact avec le sol, ce qui crée parfois même de petites cavernes. Photo : Gracieuseté : Félix Savard-Côté

La fonte rapide de la neige peut aussi occasionner quelques surprises en fin de journée, comme ce ruisseau que les deux amis ont traversé facilement le matin, en posant leurs pieds sur des roches, mais qui, après une journée chaude, les force à se mouiller jusqu’aux genoux sur le chemin du retour.

Entre chaque descente de ski, Félix et Olivier doivent emprunter des sentiers d’hiver praticables lorsqu’un mètre de neige recouvre la végétation au sol, mais qui ne sont pas entretenus l’été.

On est directement dans les branches sur 2-3 km facilement, indique Olivier. On se grafigne les genoux et les coudes, et c’est difficile sur le matériel. Mes sacs, je ne les brise pas l’hiver, je les brise l’été!

L’absence de neige complique aussi une éventuelle évacuation, selon les deux sportifs, puisque les motoneiges et les traîneaux utilisés l’hiver sont inadéquats l’été.

Félix ajoute toutefois qu’à force de parcourir les mêmes montagnes régulièrement et en toutes saisons pendant 10 ans, il connaît assez bien le terrain pour toujours savoir où poser le pied et éviter les blessures.

Même s’il s’informe sur les conditions météorologiques qui l’attendent avant de se rendre en montagne, Félix prend toujours le temps d’étudier une pente avec attention avant de s’y aventurer. Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Du flocon à l’avalanche
Du flocon à l’avalanche

Regarde ça, juste en observant le manteau neigeux, on voit qu’on a un bel hiver, lance Félix.

En ce lundi du mois de mars, la journée est effectivement magnifique et nous ne sommes pas les seuls à en profiter. Le stationnement du mont Hog’s Back, un classique du hors-piste en Gaspésie, déborde de skieurs et de randonneurs qui continuent d’arriver et qui se voient forcés de se garer le long de la route 299, qui est loin d’être aménagée à cet effet.

Ce n’est ni le week-end ni la semaine de relâche, mais cet achalandage monstre dans les Chic-Chocs l’hiver est devenu habituel avec la montée en popularité du ski hors-piste. Les skieurs sont de plus en plus nombreux à rechercher l’adrénaline que procure le fait de gravir une montagne par ses propres moyens et de la dévaler dans un nuage de poudreuse, entouré de paysages à couper le souffle.

Un skieur alpin en montagne
En 10 ans à skier sur les Chic-Chocs, Félix a acquis une expérience et une connaissance impressionnante du territoire. Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

La veille ou le matin même d’une sortie de ski, il peut passer des heures à consulter les prévisions météo et à fouiller les réseaux sociaux pour y récolter des informations laissées par d’autres skieurs qui ont effectué des sorties en montagne dans les jours précédents.

Des prévisions défavorables vont rarement l’inciter à changer ses plans; elles lui donnent plutôt une idée de ce à quoi se préparer. Et il est toujours prêt à changer d’itinéraire en cours de route et même à revenir sur ses pas si le risque d’avalanche est trop grand. Aucune sortie n’est gaspillée selon Félix, puisqu’il collecte chaque fois de nouvelles informations sur son terrain de jeu et en apprend davantage sur sa façon de réagir aux différentes situations qui se présentent.

Au cours de l’hiver dernier, l’organisme Avalanche Québec a recensé 57 avalanches naturelles et 33 avalanches déclenchées par des skieurs dans les Chic-Chocs. Seules quelques blessures mineures ont été rapportées, un excellent bilan. Toutes les saisons ne se déroulent pas aussi bien. En février 2020, un skieur a perdu la vie après avoir été enseveli sous un mètre de neige dans le secteur des mines Madeleine, très prisé pour le hors-piste.

Félix a lui-même été témoin de plusieurs avalanches. Cet hiver seulement, il se trouvait près des débris d’une imposante avalanche survenue quelques jours plus tôt au mont Vallières-de-Saint-Réal lorsqu’un skieur en a déclenché une nouvelle.

Heureusement, Félix savait que cela pouvait se produire, et il avait prévenu le groupe de se tenir sur le côté de la pente, hors de portée de la coulée de neige.

La science de la neige

À l’écart des skieurs qui s’élancent déjà sur le sentier du Hog’s Back, Félix étudie aujourd’hui le profil de neige qu’il vient de mettre au jour en pelletant. Debout dans le trou qu’il a créé, il pointe la mesure indiquée par sa sonde : 175 cm d’accumulation depuis le début de la saison.

Félix explique que le fait de creuser une ligne très droite de la surface de la neige jusqu’au sol permet d’avoir une meilleure idée de sa stabilité. Il enfonce un doigt dans les différentes couches en notant si elles se percent facilement ou non.

Il découpe ensuite une large colonne verticale dans la surface lisse, curieux de voir si elle tiendra en place. L’idée est de reproduire les interactions d’un skieur avec la montagne, à plus petite échelle. 

Dans notre cas, une longue pointe blanche se détache et tombe à nos pieds. Oh, un sudden planars’exclame Félix, satisfait que son test ait provoqué une rupture soudaine planaire; un résultat intéressant, même s’il n’est pas rassurant. Si un skieur avait créé cette fissure au sommet de la montagne, elle aurait pu se propager sur une grande distance et possiblement provoquer une avalanche.

C’est un peu comme un jeu, c’est le fun quand ça glisse tout seul, c’est impressionnant, mais dans la vraie vie, quand tu skies, tu ne veux pas que ça glisse,précise-t-il.

Félix est mieux renseigné sur les secrets de la montagne, mais la collecte d’informations n’est jamais terminée. Il installe ses peaux de phoque sous ses skis, ces bandes de tissus collantes qui empêchent les skis de glisser lors de l’ascension.

Tout au long de la montée, Félix utilise le bout de ses bâtons de ski pour donner de petits coups dans les bancs de neige qui bordent le sentier. Ah, ici la neige est humide. Ici, elle est encore sèche, ajoute-t-il en donnant un deuxième coup un peu plus loin. Il explique que selon l’angle de la pente et son niveau d’exposition au soleil, la neige peut se transformer rapidement.

En posant le pied au sommet, nous entrons dans un climat complètement différent. Le ciel se couvre et le vent est si fort qu’il nous oblige à enfiler une couche supplémentaire et à plisser les yeux pour les garder ouverts.

Félix nous guide jusqu’à l’entrée du Grand Couloir, au sommet nord du Hog’s Back, loin des autres skieurs qui se sont arrêtés au sommet sud. Malgré le vent mordant qui nous fouette le visage, il contemple la pente qui s’étend devant lui avec des yeux brillants.

Hum, ça a l’air vraiment beau, murmure-t-il comme pour lui-même.

Skier à l'année sur les Chic-Chocs Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Connaître ses limites
Connaître ses limites

Toujours chaussé de ses skis, mais ayant retiré ses peaux de phoque, Félix saute à pieds joints sur le haut de la pente. Il répète l’expérience à plusieurs reprises pour tester la stabilité de la neige. Puis, satisfait, il décide de s’élancer. 

Nous l’observons de loin pendant qu’il enfile les virages en poussant des cris de joie. Plus tard, en visionnant ses stories Instagram, ses abonnés pourront revivre la descente avec lui et le voir s’arrêter au milieu du couloir pour documenter les débris d’une avalanche récente. Félix est très actif sur la plateforme, où il expose tous ses exploits et présente ses commanditaires, tout en martelant l’importance de s’éduquer avant de s’aventurer en terrain avalancheux. 

C’est d’ailleurs sur Instagram qu’il rencontre, en 2020, Stéphanie B. Gauthier, avec qui il skie maintenant régulièrement.

Stéphanie pratique le ski hors-piste depuis quatre ans, une alternative reposante aux compétitions en freestyle auxquelles elle participait avant, alors que les sauts imposants et les figures souvent risquées faisaient partie de son quotidien. 

Une femme avec en arrière-plan des montagnes et des arbres.
Même après avoir suivi des cours de sécurité en avalanche, Stéphanie admet qu’elle sous-estimait les risques réels d’avalanche au Québec. Photo : Camille Vernet

Pour moi, c’est super relax le hors-piste! C’est vraiment mollo, lance-t-elle en riant. Avec l’âge, on veut moins se blesser… et je voulais pouvoir pratiquer mon sport avec mon chien.

Comme elle skie partout au Canada, Stéphanie s’est assurée de suivre des cours de sécurité en avalanche de niveaux 1 et 2, et de s’équiper des outils essentiels pour retrouver quelqu’un sous la neige ou pour être retrouvée elle-même : une sonde, une petite pelle et un détecteur de victimes d’avalanche (DVA).

Malgré ces précautions, c’est seulement en skiant avec Félix qu’elle a réellement pris conscience des risques auxquels s’exposent les skieurs hors-piste, même ici, au Québec.

Sur le terrain, il prend vraiment le temps de s’arrêter, de me montrer les craques dans la neige, de me demander par où je passerais, de quel côté viennent les vents, etc. J’ai appris énormément. Ma façon de skier, c’était plus inconscient, j’avais de la difficulté à croire qu’il pouvait y avoir des avalanches en Gaspésie. Mais le fait d’avoir rencontré Félix, ça fait que j’ai compris beaucoup de choses et que je suis un peu plus prudente, admet-elle.

Bien qu’elle soit passionnée de ski, Stéphanie a été étonnée de constater que Félix s’aventure en montagne malgré des froids extrêmes ou de grosses tempêtes, quitte à rentrer à la maison sans skier si les conditions sont trop mauvaises. Photo : Camille Vernet

« Moi, ce que je voulais, c’était faire de la grosse poudreuse, sauter des caps de roche et avoir la belle ligne parfaite, mais pour Félix, c’est la sécurité avant tout. »

— Une citation de   Stéphanie B. Gauthier

C’est aussi le message que veut transmettre Avalanche Québec, qui multiplie ses actions de sensibilisation. Depuis deux ans, l’organisme à but non lucratif basé à Sainte-Anne-des-Monts a lancé une application mobile et doublé son équipe. Il diffuse maintenant des bulletins d’avalanche quotidiens plutôt qu’à tous les deux jours.

Ces efforts semblent porter leurs fruits : 1347 personnes ont reçu une formation de sécurité en avalanche au Québec lors de la saison 2021-2022, comparativement à 730 lors de la saison précédente. Mais la prévisionniste en avalanche et responsable des services publics d’Avalanche Québec, Laurie Dumas, est bien consciente qu’ils n’atteindront jamais tous les amateurs de hors-piste, surtout avec le taux de fréquentation actuel des Chic-Chocs en hiver.

Souvent, les gens veulent skier [sur] une ligne de neige fraîche, explique-t-elle. Et plus il y a de monde, plus la ligne de neige fraîche va être loin ou exposée aux dangers. Alors on voit des gens aller un peu plus loin, et toucher les endroits à risque, où la probabilité de déclencher un accident va augmenter.

Un skieur en ski alpin descend une pente en hiver
Comme bon nombre de skieurs hors-piste, Félix est toujours à la recherche de ce qu’on appelle les premières traces : une pente skiable encore intouchée par les autres skieurs. Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Les images impressionnantes publiées sur les réseaux sociaux, comme les stories Instagram de Félix, peuvent aussi avoir un fort pouvoir d’attraction. Ça attire forcément des gens en montagne, peut-être dans des endroits trop difficiles pour leurs compétences, constate Laurie Dumas. 

La prévisionniste reconnaît cependant que les nombreuses vidéos publiées par Félix sur les réseaux sociaux représentent pour son équipe une source d’informations très utiles sur les conditions en montagne. Les explications qu’il donne et les rappels constants des mesures de sécurité peuvent aussi contribuer à sensibiliser ses quelque 8000 abonnés Instagram. 

Par ailleurs, Félix lui-même ne cache pas que le fait d’exposer ainsi ses exploits, que ce soit une descente en skis qui comprend quelques sections de rappel à effectuer à l’aide de cordages ou le traçage de la première ligne dans une énorme cuve balayée par des vents de 100 km/h, peut inciter certaines personnes à prendre plus de risques que nécessaire. 

Moi aussi j’ai accès à Internet et je vois des gens faire toutes sortes de sports extrêmes, comme skier l’Everest. Est-ce que ça veut dire que je vais le faire? Je comprends que ce sont des gens qui ont les compétences pour être là. Je ne m’empêcherai pas de faire ce que je fais, j’ai dit tout ce que j’avais à dire sur la sécurité, si tu juges que tu peux le faire aussi… c’est ta responsabilité, souligne-t-il. 

Skier sur les Chic-Chocs à l'année Photo : Nicolas Roy

La fin d’un chapitre, pour l’instant
La fin d’un chapitre, pour l’instant

Les Chic-Chocs ne sont pas à sous-estimer, dit Félix, au téléphone.

Il est sur la route entre Whitehorse et Sainte-Anne-des-Monts après un énième voyage au Yukon où il vient de passer plusieurs semaines à skier sur les sommets vertigineux de la cordillère américaine, et où il prévoit s’installer éventuellement, pour un an ou plus. L’air frais du mois de mai s’engouffre dans sa voiture par la fenêtre ouverte, promesse d’un nouvel été de ski en Gaspésie. Oui, après dix ans, ce sont encore les Chic-Chocs qui occupent l’esprit de Félix.

Le ski y est incroyable, et quand tu sors des sentiers battus, c’est un territoire extrêmement sauvage. Je suis allé au Yukon, en Alaska, en Islande… et les Chic-Chocs continuent de me fasciner par leur côté sauvage.

Or, Félix en a long à dire sur la façon dont est traitée cette richesse naturelle. Il déplore que les foules toujours plus nombreuses de skieurs soient toutes dirigées vers les mêmes secteurs, déjà saturés. Et surtout, il ne cache pas son désaccord avec le fait que de plus en plus de terres naturellement skiables sont achetées par des entrepreneurs qui imposent un coût pour y accéder et qui en déboisent une partie afin de créer des pentes de ski plus conventionnelles.

Ce n’est plus du hors-piste si le terrain a été aménagé expressément pour ça. Tu penses que tu prends de l’expérience en hors-piste, mais c’est faux. Le hors-piste pur, c’est s’adapter à ce que t’offre la montagne naturellement. Les gens vont dire "Oui, mais c’est trop difficile". Ils oublient que c’est un sport qui, à la base, est difficile, avance Félix.

Il ajoute que le fait de retirer des arbres ou des obstacles naturels en montagne peut augmenter le risque d’avalanche, puisque ces obstacles font souvent tenir la neige en place et contribuent ainsi à stabiliser le manteau neigeux.

Un skieur alpin devant une chaîne de montagne l'hiver.
Les Chic-Chocs auront toujours une place particulière dans le cœur de Félix, même si le Yukon le séduit de plus en plus avec ses nombreuses montagnes encore peu fréquentées.  Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle

Félix ne manque pas d’idées sur les façons de promouvoir le territoire gaspésien tout en assurant sa protection et en développant une culture de ski intéressante et sécuritaire. Même s’il estime que le temps sera bientôt venu pour lui d’aller explorer de nouveaux sommets, il assure qu’il demeure prêt à contribuer à un tel projet pour l’avenir des Chic-Chocs.

Parce qu’au-delà des intérêts personnels de chacun, ce sont les montagnes qui ont le plus à gagner ou à perdre de nos bons coups et de nos erreurs. Les montagnes disent toujours la vérité, rappelle Félix.


Les photos d'été de la une de l'article et du chapitre 1 ont été prises par Patrick Gauthier. Les autres photos de la une ainsi que la vidéo ont été fournies par Félix Savard-Côté.

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