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Pas question de retour à l’essence pour des propriétaires de véhicules électriques

Un homme devant une voiture et des bornes de recharge.

Le Jeannois Nicolas St-Gelais s’arrête chaque mois à la Porte de la Mauricie, à Yamachiche, pour recharger son véhicule électrique.

Photo : Radio-Canada / Fanchon Aubry

Au moment où plane la menace de frais supplémentaires potentiels, plusieurs propriétaires de véhicules électriques n’ont pas l’intention de retourner en arrière. C’est le cas notamment de Nicolas St-Gelais, qui roule depuis un an au volant de sa voiture entièrement alimentée à l’électricité.

Avant, j’avais un véhicule hybride branchable, et tout le temps que je l’ai eu, j'avais hâte de tourner à l'électricité totale, précise cet homme de 37 ans, qui s’est converti pour apporter sa contribution dans la lutte contre les changements climatiques.

À la base, je ne rentrais pas dans la catégorie des gens pour qui c’était rentable, parce que je ne faisais pas assez de kilométrage dans une journée, mais j’ai vraiment fait le changement pour le côté environnemental.

Une voiture électrique stationnée devant une borne de recharge Tesla.

Le reportage de Katy Cloutier

Photo : Radio-Canada / Fanchon Aubry

Il cumule tout de même environ 1500 kilomètres, une fois par mois, pour un aller-retour entre Saint-Nazaire et Mont-Laurier. Vendredi matin, cet enseignant a quitté son Lac-Saint-Jean, comme il le fait chaque mois, pour aller voir ses enfants dans les Laurentides. Il met près d’une douzaine d’heures à franchir la distance d’environ 750 kilomètres en raison de quelques arrêts de chargement, dont un à Yamachiche, en Mauricie.

C'est deux ou trois recharges, raconte-t-il pendant une de ses pauses. Ça me prend deux heures de plus que si j'avais un véhicule à essence, mais j’économise 150 $ environ. Pendant mes arrêts, je prends le temps de lire un livre ou juste de me détendre.

Même si ça me prend deux heures de plus quand je roule, j'arrive à destination moins fatigué. Finalement, c’est bénéfique.

Une citation de Nicolas St-Gelais, propriétaire d’un véhicule électrique

Il avoue qu’auparavant, il pouvait conduire pendant de nombreuses heures avant de s’arrêter.

Davantage de frais?

Nicolas St-Gelais est propriétaire d’un des 252 142 véhicules électriques immatriculés au Québec au 31 décembre 2023. La province comptait à ce moment-là 42 % du nombre total de véhicules électriques immatriculés au Canada, selon des données de l'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ).

Or, ces propriétaires pourraient bien devoir payer des frais supplémentaires au cours des prochaines années. Québec songe à imposer une nouvelle taxe pour les véhicules électriques. Des réflexions sont en cours pour trouver des façons de combler l'éventuelle baisse des revenus provenant de la taxe sur l'essence en raison de la diminution anticipée des ventes de véhicules à essence au profit des véhicules électriques.

Comme plusieurs autres personnes rencontrées près des stations de recharge de la Porte de la Mauricie, l’enseignant jeannois est bien prêt à payer davantage, pourvu que les sommes servent réellement au transport collectif et à l'entretien du réseau routier.

En tant que tel, je pense que c'est une fausse excuse du gouvernement pour aller chercher de l'argent, croit-il. Si l'argent que je paye sert vraiment pour les transports en commun, des choses comme ça, pour vraiment réduire la quantité de véhicules sur les routes, moi, je verrais ça d'un côté bénéfique, mais il faut vraiment que l'argent revienne à ce niveau-là, par contre.

Pas de retour en arrière

Ils habitent les régions de Montréal, de Québec ou de la Mauricie; nombreux sont les usagers de l’autoroute 40 à s’arrêter à la Porte de la Mauricie à l’une des stations de recharge. C’est le cas de Pascale Reny, qui avoue avoir mis du temps avant d’opter pour un véhicule électrique.

J'ai été très difficile à convaincre, confie-t-elle. C'est mon mari qui a été obligé de faire fondre toutes mes résistances une après l'autre pour me convaincre d'avoir un véhicule 100 % électrique, parce que le fait de ne pas pouvoir avoir une assistance à essence en cas de besoin, c'était vraiment stressant pour moi.

Je peux vous dire qu'aujourd'hui, je ne reculerais d'aucune façon.

Une citation de Pascale Reny, propriétaire d’un véhicule électrique

Comme Nicolas St-Gelais, cette femme originaire des Laurentides n’est pas défavorable à l'idée de frais supplémentaires : Du moment que ça demeure raisonnable, je pense que c'est quand même bien, pour autant que ça serve au bien commun ou pour réinjecter dans des énergies vertes, bien sûr.

Une voiture électrique en train de se faire charger.

Les propriétaires de véhicules électriques pourraient devoir payer davantage au cours des prochaines années.

Photo : Radio-Canada / Fanchon Aubry

Frein à l’achat?

Pour des intervenants qui œuvrent en mobilité électrique et en électrification des transports, le moment est venu pour que le gouvernement mène davantage qu'une réflexion afin de financer le transport collectif et l’entretien des routes.

Selon le président-directeur général de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton, plusieurs facteurs vont contribuer à réduire les sommes perçues en taxes sur le carburant.

Quelle que soit la façon dont on fait la transition hors pétrole, en transport collectif, en transport actif, en véhicule électrique, tout ça va contribuer à diminuer les revenus des taxes sur l’essence, indique-t-il. Ayons une vraie discussion qui va parler de tous les impacts, y compris l'impact des véhicules à essence et des véhicules diesel sur la santé des Canadiens et des Québécois.

Ça va demander une réflexion beaucoup plus large sur la façon de financer la transition énergétique et les transports collectifs et sur l'entretien des routes que de simplement penser à taxer les véhicules électriques.

Une citation de Daniel Breton, président-directeur général de Mobilité électrique Canada

De son côté, le président et fondateur de Roulez électrique, Sylvain Juteau, est contre l’idée de frais supplémentaires d’immatriculation des véhicules électriques. Il craint que cette option ne laisse la porte ouverte aux augmentations.

Si on y va avec une taxe sur l'immatriculation annuelle, ça va être comme une spirale, prévient-il. Ça va continuer, il va y avoir de moins en moins de revenus sur le carburant fossile, donc vont-ils décider de commencer à 100 ou 200 $, d'augmenter à 300 $ et, dans quelques années, on monte ça à 1000 $?

Un homme devant des véhicules électriques.

Le président et fondateur de Roulez électrique, Sylvain Juteau

Photo : Radio-Canada

Ce genre de taxes pourrait devenir un frein à l’achat, prévient-il : Ça va donner des raisons aussi aux gens qui ne croient pas, qui ne veulent pas se convertir, parce qu'il y a toujours de la résistance au changement, mais là, on a la planète en jeu et l'avenir de nos enfants.

Parmi les options qu’ils prônent, une taxe kilométrique pour tous les automobilistes en fonction du nombre de kilomètres parcourus, du type d’alimentation du véhicule et du poids de celui-ci.

Oui, c'est bien d'y réfléchir, mais faites une commission, demande-t-il au gouvernement Legault. Des groupes comme le nôtre et d'autres organismes, on va venir déposer nos mémoires. On va en débattre.

Si l’ajout d’une taxe demeure au stade de la réflexion en ce moment, les propriétaires québécois de véhicules électriques doivent tout de même s'attendre à des frais supplémentaires au cours des prochaines années, comme c'est le cas en Alberta et en Saskatchewan.

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