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Plaie de lit fatale à l’urgence : « inacceptable », selon le ministre Dubé

Le drame vécu par un tétraplégique aux prises avec une plaie de lit majeure après avoir passé 96 heures sur une civière à l’Hôpital de Saint-Jérôme suscite de vives réactions.

Un homme pleure.

Normand Meunier a choisi l'aide médicale à mourir. Il est décédé auprès des siens le 29 mars.

Photo : Ivanoh Demers

Radio-Canada dévoilait hier l’histoire de Normand Meunier, paralysé des bras et des jambes depuis 2022 à la suite d’une lésion de la moelle épinière.

Après un séjour à l’urgence de cet hôpital au mois de janvier à cause d'un virus respiratoire, il en est ressorti avec une plaie de lit majeure au fessier. Ce trou béant aurait pris plusieurs mois à cicatriser si toutes les conditions nécessaires avaient été réunies, selon les experts consultés.

Lors de notre passage à son domicile, Normand Meunier a mentionné que le pronostic de son médecin était sombre.

À 66 ans, il a expliqué qu'il préférait mettre un terme à ses souffrances physiques et psychologiques en recourant à l’aide médicale à mourir.

Un tétraplégique dans un lit.

Normand Meunier était cloué à son lit depuis 2022 à la suite d'une lésion de la moelle épinière.

Photo : Ivanoh Demers

Croisé dans le corridor de l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a mentionné qu’il s’agit d’une situation inacceptable.

Par courriel, son cabinet a précisé qu’une situation comme celle vécue par M. Meunier ne doit jamais se produire.

En tout temps, les Québécois doivent obtenir des soins à la hauteur des meilleurs standards de qualité, sans exception.

Une citation de Le cabinet du ministre de la Santé

Son équipe dit s’attendre à ce que l’enquête interne au CISSS des Laurentides permette de faire la lumière sur les événements et d'apporter les correctifs nécessaires, dont de la formation supplémentaire [du personnel].

Au Parti libéral du Québec (PLQ), le porte-parole en matière de santé, André Fortin, estime que la situation tragique de M. Meunier met en lumière des lacunes inacceptables de notre système de santé.

Je demande des excuses formelles de la part du ministre de la Santé, Christian Dubé, et une enquête approfondie pour comprendre les failles qui ont conduit à cette tragédie. Il est impératif d’établir un processus clair pour éviter de telles négligences à l’avenir.

Une citation de André Fortin, porte-parole en matière de santé du Parti libéral du Québec

Chaque année, plus de 3700 patients se retrouvent avec une plaie de pression dans les hôpitaux et les CHSLD du Québec, selon les données du ministère.

Enquête interne

Au CISSS des Laurentides, la direction dit prendre très au sérieux le dossier de M. Meunier. Une enquête interne est en cours afin de faire la lumière sur les événements, indique-t-on par courriel.

Un homme devant un hôpital.

Steve Desjardins, directeur des soins infirmiers au CISSS des Laurentides.

Photo : Radio-Canada

En entrevue à l’hôpital, le directeur des soins infirmiers au CISSS des Laurentides, Steve Desjardins, a mentionné que le personnel soignant est formé et sensibilisé pour déplacer sur leur civière les patients susceptibles d'avoir des plaies de lit.

Cependant, des matelas et des lits adaptés ne se trouvent pas aux urgences, a mentionné le directeur des soins infirmiers au CISSS des Laurentides, Steve Desjardins. L'urgence, ce n'est pas un endroit qui est approprié pour ce type de matelas, parce que ce ne sont pas des lits dans une urgence, ce sont des civières, [et] il n'y a pas vraiment de matelas adapté pour une civière.

L’établissement précise qu'il dispose de 450 matelas thérapeutiques, dont 145 à pression alternative, dans l’ensemble de ses installations (hôpitaux et CHSLD).

Sous l’œil des coroners

Du côté du Bureau du coroner, certains rapports de décès critiquent au passage la qualité des soins liée à la gestion des plaies de pression.

Quelques coroners vont plus loin.

Dans un rapport de 2019, par exemple, on indique qu'un homme de 90 ans est décédé d’une septicémie secondaire à une gangrène des pieds consécutive à des plaies de pression, conclut une coroner. Hébergé dans une RPA, cet homme passait ses journées dans son fauteuil roulant dans la même position, il refusait systématiquement qu’on le touche. Il a également refusé une amputation à deux reprises, note la coroner.

Le directeur général de l’organisme Moelle épinière et motricité Québec, Walter Zelaya, déplore qu’autant de patients développent des plaies de pression dans le réseau de la santé.

C’est contradictoire, parce que nous avons au Québec des centres d’expertise en traumatologie, un fleuron, mais on n’arrive pas à gérer de simples plaies de pression, affirme-t-il.

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