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Le fondateur de Flip Académie rêve de 600 logements abordables

La crise du logement et de l’itinérance interpelle un peu partout au Québec, notamment à Saint-Jean-sur-Richelieu, où la communauté se mobilise en recyclant taverne, salon funéraire, église et bâtiment patrimonial.

Jean-François Tremblay dans un centre funéraire.

Jean-François Tremblay veut transformer deux salons funéraires en logements abordables sur la rive-sud de Montréal.

Photo : Ivanoh Demers

Les projets immobiliers se multiplient à Saint-Jean-sur-Richelieu afin d’offrir de l’hébergement aux personnes en situation d’itinérance et de bonifier le parc de logements abordables.

Selon les informations obtenues par Radio-Canada, Jean-François Tremblay, ex-animateur de l’émission Chasseur de maisons sur la chaîne CASA, vient d’acheter deux salons funéraires afin de les convertir en logements.

Le but ultimement ici, c'est de venir faire des studios, des chambres, c'est d'avoir de la clientèle qui sont des travailleurs, d’autres qui sont des gens avec des PSL (programme de supplément au loyer), dit-il.

Selon lui, une vingtaine de locataires pourraient occuper chaque bâtiment en moins de douze mois dès le lancement des travaux.

Une personne à l'extérieur.

Julie fréquente le centre de jour le Spot depuis le mois de décembre « pour [se] reposer, manger et avoir une adresse fixe pour recevoir de l'aide sociale ».

Photo : Radio-Canada

À quelques rues de là, Jean-François Tremblay loue depuis la pandémie un bâtiment au centre de jour le Spot, un organisme communautaire qui vient en aide aux personnes en situation d’itinérance. Le site acheté en 2018 abritait auparavant une taverne. Et le bâtiment a aussi servi à donner les cours de sa Flip Académie.

Le fondateur de l’école Flip Académie dit avoir tourné la page ces dernières années aux rénovictions et à la spéculation immobilière après une réflexion sur le sens de sa vie.

J'ai enseigné à des milliers de personnes comment faire des flips immobiliers, j'en ai fait moi-même des centaines de transactions là-dedans, explique celui qui approche la quarantaine.

Puis un jour, tu te dis : ça va-tu être ça toute ma vie, faire des passes de cash?[...] C'est quoi que mes enfants vont retenir de ça?

Une citation de Jean-François Tremblay, investisseur immobilier

Son rêve à Saint-Jean-sur-Richelieu serait d’y construire des 500 à 600 logements abordables avec d’autres propriétaires immobiliers et la municipalité [...] et de mettre ça dans un OBNL.

Je ne suis pas là pour donner mon cash dans le vide, là, précise-t-il néanmoins, sans renoncer à un rendement raisonnable.

Jean-François Tremblay, avec un partenaire, est propriétaire de nombreux immeubles et terrains dans la région.

Une femme dans un dortoir.

La directrice générale d’Actions Dépendances, Lynda Villeneuve, inaugure ces jours-ci 22 lits d'hébergement pour des personnes en situation d'itinérance à la Maison Bouthillier à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Photo : Ivanoh Demers

Ouverture de la Maison Bouthillier à 22 itinérants

Au centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, on inaugure ces jours-ci de nouveaux espaces d’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance.

En haut, on espère être capables d'ouvrir huit lits pour hommes, deux lits de dégrisement, six lits pour femmes et six lits temporaires au sous-sol, explique sur place Lynda Villeneuve, la directrice générale d’Actions Dépendances.

Une demi-douzaine d’usagers hébergés dans un motel de la région depuis la pandémie seront déménagés à la Maison Bouthillier.

Le projet, lancé il y a quelques années, s’est avéré plus long et plus cher que prévu. L’aménagement du bâtiment patrimonial aura finalement coûté 1,2 million de dollars avec la contribution notamment du mécène Georges Coulombe, du réseau de la santé et d’un entrepreneur en construction accommodant.

Le chien Scooby Doo dans la  cour extérieure.

Plus de 250 personnes en situation d'itinérance ont utilisé les services du centre de jour le Spot à Saint-Jean-sur-Richelieu l'an dernier.

Photo : Ivanoh Demers

Attacher le budget de fonctionnement pour les 14 employés s’avère aussi un défi de taille à travers des programmes non récurrents, souligne Mme Villeneuve, qui vient d’obtenir confirmation pour les six prochains mois.

Les séjours ici vont être de trois semaines à un mois, indique la DG d’Actions Dépendances. Notre rôle, c'est de rétablir des liens, de faire de la recherche en premier pour trouver un logement ou une chambre [...] puis de faire le lien avec les organismes communautaires du milieu qui vont leur fournir des vêtements, de l'ameublement.

Le reportage de Davide Gentile

Apprivoiser l’itinérance visible

À l’instar de bien des municipalités au Québec, Saint-Jean-sur-Richelieu a connu une explosion du nombre de personnes en situation d’itinérance depuis la pandémie.

Lors de notre passage, plusieurs intervenants ont rappelé la présence de Burger (feu Jacques Berger 1949-2008), l’un des rares itinérants visibles à l’époque. On en dénombre par dizaines aujourd’hui, visibles un peu partout dans la ville de 100 000 habitants.

Un exercice d'adaptation pour la population.

Une personne sur un trottoir.

La conseillère municipale de St-Jean-sur-Richelieu, Mélanie Dufresne.

Photo : Radio-Canada

Comme le souligne la conseillère municipale Mélanie Dufresne, un effort de sensibilisation demeure nécessaire pour apaiser les peurs.

On ne vient pas de Montréal, nous autres. Ici, là, le phénomène, comme je vous dis, il est nouveau, il date de peut-être deux, trois ans. Ça fait que ce phénomène là, quand tu ne l'as jamais vu, que tu ne l'as jamais vécu, c'est de l'inconnu pour toi

Une citation de Mélanie Dufresne, conseillère municipale du district 1, Saint-Jean-sur-Richelieu

La police municipale a dû elle aussi adapter son approche.

La règle d'or n'était pas d'émettre des contraventions, mais plutôt de faire en sorte de leur trouver un endroit où ils peuvent avoir des services, que ce soit des services de médecins ou des besoins de base, de la nourriture, se laver, etc., affirme le directeur du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu, Stéphane Bélanger.

Une équipe dédiée de deux policiers et d’un travailleur social parcourt la ville pour aller à leur rencontre.

Là aussi, la ville devra convaincre Québec de prolonger le budget du trio au-delà du 31 décembre. Vous savez, on ne peut pas se passer d'une équipe comme ça, soutient le directeur de police. C'est ça qui a fait la quiétude dans le quartier, puis qui a fait en sorte que nos commerçants apprécient ce qu'on fait comme travail.

Comme le fait remarquer la coordonnatrice du centre de jour le Spot, Alexandra Thibault, le nombre d’usagers a triplé chez nous [...] et on a remarqué une hausse de personnes qui vivent leur premier épisode en itinérance.

Je veux bien penser à toutes sortes de solutions, mais ces personnes-là, qu'elles soient accompagnées ou pas, il leur faut un endroit, un logement.

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