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L’héritage de Brian Mulroney salué par la francophonie canadienne

Brian Mulroney devant le parlement d'Ottawa en 2012.

Brian Mulroney est aussi à l’origine de la première modernisation de la Loi sur les langues officielles en 1988. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Au lendemain de l’annonce du décès de Brian Mulroney, des organismes de la francophonie ontarienne et canadienne saluent son apport à la communauté.

On a perdu un grand morceau du support de la francophonie de l’Ontario! [...] Il a supporté les Franco-Ontariens dans de grandes causes comme la bataille de l’Hôpital Montfort [en 1997, lorsque M. Mulroney n'était plus premier ministre - ndlr] . Pour nous, c’est vraiment une grande perte, a commenté le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, en entrevue à Radio-Canada.

Lors de la crise Montfort, le premier ministre était intervenu et avait demandé au gouvernement conservateur de l’Ontario d’épargner Montfort à cause de sa vocation francophone, parce que les francophones devaient avoir accès à des services en français.

Une citation de Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario

Un avis que partage le directeur général de l'Association des communautés francophones d'Ottawa (ACFO Ottawa), un passionné d'histoire et de politique, Diego Elizondo.

Son appui public à l'Hôpital Montfort allait à l'encontre de sa famille politique qui voulait le fermer. Mais c'était mal connaître, je pense, M. Mulroney, puis son attachement pour les minorités linguistiques et l'importance qu'il accordait à la dualité linguistique canadienne. Il l’a fait de façon très publique dans les pages du journal Le Droit en 1997, au plus fort de la crise pour sauver l'Hôpital Montfort. Ça démontre qu’il avait des principes avant le parti.

Brian Mulroney, 1939-2024

Consulter le dossier complet

Brian Mulroney prend un bain de foule.

Les liens entre M. Mulroney et la francophonie ontarienne se sont reflétés jusque dans son entourage puisque son équipe comptait deux Franco-Ontariens de la région d'Ottawa, Michel Gratton, de Vanier, qui a été son secrétaire de presse, et Paul Terrien, petit-fils d'un des fondateurs du quotidien Le Droit, qui a été un de ses rédacteurs de discours, rappelle M. Elizondo.

Maurice Basque et Stéphanie Chouinard.

Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada, Stéphanie Chouinard, souligne elle aussi l'attachement très personnel de l'ancien premier ministre au bilinguisme canadien.

En grandissant à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, un endroit qui est très très majoritairement francophone, on peut s'imaginer que son enfance a été bénie par une espèce de dissonance entre la langue qui était parlée à la maison avec son père [irlandais] et celle avec sa mère qui était aussi la langue publique commune, là où il avait grandi. Donc on peut s'imaginer que M. Mulroney avait cette connaissance très personnelle de ce que ça veut dire d'être minoritaire, qui développe évidemment une sensibilité à la condition des autres. Et je pense que dans ces actions [...] on a vu cette sensibilité-là ressortir.

Un legs à Ottawa…

L’ancien premier ministre du Canada de 1984 à 1993 a laissé sa marque dans l'histoire franco-ontarienne en appuyant la communauté à des moments importants de son histoire, estime l’ACFO Ottawa par voie de communiqué, qui rapporte l'un des premiers gestes qu'il a posés en 1983 et en 1984 à titre de chef du Parti progressiste-conservateur du Canada : M. Mulroney a fait pression sur ses homologues ontariens pour accroître les droits des Franco-Ontariens et le bilinguisme officiel dans la province.

Un homme et une femme marchent vers un édifice.

La création du Collège La Cité, le premier collège d'arts appliqués et de technologie de langue française en Ontario, a en partie été financée par le gouvernement Mulroney en 1989. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Parmi ses legs pour la francophonie ottavienne, l’organisme porte-parole des francophones d’Ottawa cite le Collège La Cité, le premier collège d'arts appliqués et de technologie de langue française en Ontario, dont la création a en partie été financée par le gouvernement Mulroney en 1989.

Son impact sur la francophonie d'Ottawa, au pays et d'ailleurs est indéniable et durable. L'ACFO Ottawa ne l'a pas oublié, dit le directeur général de l'organisme.

… et dans toute la francophonie canadienne

Mais cet héritage ne se limite pas à l’Ontario, souligne la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Liane Roy.

M. Mulroney a été un très grand défenseur des langues officielles pour avoir été le dernier, jusqu’à l’an dernier, à avoir modernisé la Loi sur les langues officielles dans ces années-là [...] pour en faire une meilleure loi pour l’époque. Il a été très persévérant.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Liane Roy.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Simon Lasalle

Cette modernisation a eu lieu 19 ans après l’adoption de la première Loi sur les langues officielles en 1969. Et les changements apportés ont été notables, souligne Mme Chouinard.

On a commencé à vraiment donner des dents au régime du bilinguisme fédéral officiel, entre autres [...] en s'assurant que certaines parties de la loi étaient justiciables, c'est-à-dire que ce n'était pas seulement des grands principes ou des grandes recommandations pour le gouvernement fédéral, il y avait désormais des obligations d'agir en vertu de la Loi sur les langues officielles. Et si ce n'était pas chose faite, on pouvait se retourner et recourir aux tribunaux.

La politologue estime que plusieurs des victoires que les francophones hors Québec ont réussi à obtenir devant les tribunaux, dont celle de la Fédération des francophones de Colombie-Britannique devant la Cour d'appel fédérale (Nouvelle fenêtre) en 2022, portent la marque de ce que Brian Mulroney a commencé à mettre en place à partir de 1988.

C’était un homme qui croyait profondément à la francophonie partout au pays et qui l’a montré en étant disposé à inclure des dispositions en faveur de nos communautés, tant dans l’accord du lac Meech que dans celui de Charlottetown, souligne la présidente de la FCFA. Peu importe comment l’histoire fera le calcul de son bilan politique, nul ne peut nier que Brian Mulroney a toujours été motivé par un souci d’améliorer le statut du français au pays

Dire que c’était un allié stratégique, ça ne serait pas rendre honneur pleinement au travail que M. Mulroney a fait à l'époque où il était premier ministre. On l'a souvent entendu parler de la valeur et de la richesse que consistaient les deux langues officielles du pays.

Une citation de Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada

Un avis que partage Mme Chouinard.

C'est certain que M. Mulroney a hérité d'un contexte politique dans les années 80, au début des années 90, qui était particulier et où la question linguistique était particulièrement explosive, note-t-elle. Mais lorsqu'on regarde le legs et les suites de la Loi sur les langues officielles de 1988, je pense que c'est indéniable qu’il n’y avait pas que de la stratégie. [...] Il y avait un réel souci de voir à l'avancement de l'égalité des deux langues officielles et à l'épanouissement des communautés minoritaires de langues officielles au pays.

En guise d’exemple, la professeure de sciences politiques souligne les progrès obtenus pour les francophones vivant à l’extérieur du Québec, dont les Acadiens qui ont réussi à enchâsser certaines dispositions constitutionnelles particulières, notamment la reconnaissance de l'égalité des communautés linguistiques officielles du Nouveau-Brunswick, en 1993, dans l'article 16.1 de la Charte [des droits et libertés].

Avec les informations de Matéo Garcia-Tremblay et de Jérémie Bergeron

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