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Les chants et champs d’Anastasia

Les chants et champs d’Anastasia

Texte : Émile Lapointe Photographies : Gavin Boutroy

Publié le 9 février 2023

Anastasia et son père, Don, sillonnent en camion les chemins de terre bosselés qui traversent les champs de la terre familiale. Après quelques minutes, la jeune agricultrice s’exclame avec assurance : C’est ici! Ils sont arrivés à leur territoire de cueillette de champignons. 

L'air froid d'automne souffle sur les feuilles qui jonchent la forêt près de Duck Mountain, à l'ouest du lac Manitoba. Les cueilleurs cherchent des armillaires, aussi connus sous le nom de honey mushroom ou pidpenki. Ce champignon est le symbole d'une longue tradition mycophile ukrainienne, préservée au Canada chez les Fyk, depuis quatre générations.

On les utilise dans les repas de Noël, dit Anastasia Fyk, mais aussi de temps en temps dans les repas de tous les jours, qu'ils soient frais ou gardés précieusement en conserve.

Comme un retour du balancier, Anastasia partage aujourd'hui ses connaissances ancestrales avec deux réfugiées ukrainiennes et d'autres gens de la région.

La ferme familiale des Fyk. Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Les racines d’une culture
Les racines d’une culture

D'aussi loin qu'elle se souvienne, Anastasia Fyk a toujours exploré la forêt avec sa famille pour cueillir des champignons, quand arrive l'automne. Un rite qui s’inscrit dans la continuité du travail de la terre, pratiqué chez les Fyk depuis plus d'un siècle. 

En 1904, la famille Fyk, qui cultivait du blé et du sarrasin en Ukraine, s'est installée près du minuscule village de Garland, à environ de 400 km au nord de Winnipeg. À l'époque, plusieurs milliers d'Ukrainiens et d’Ukrainiennes ont immigré dans les prairies, où le gouvernement canadien offrait des terres abordables dans l'espoir de peupler la région.

Depuis qu'Anastasia est toute petite, elle cueille avec son père. Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Encore aujourd'hui, la famille sillonne les mêmes champs et cultive les mêmes céréales, mais ses membres ont troqué leur charrues pour des moissonneuses-batteuses, des camions et des tracteurs.

Anastasia marche d'un pas déterminé, ses longs cheveux virevoltent dans les brises fraîches. Don, la casquette vissée sur la tête, mène la marche dans la forêt en écartant les branches de ses mains épaissies par la corne.

Sortant du sentier, le père et la fille naviguent l'océan de peupliers aux feuilles orangées comme deux poissons dans l'eau, scrutant le sol et les arbres des yeux bleus perçants qu'ils ont en commun. D'habitude, en 15 minutes, on remplit un contenant de 20 litres, explique Don. 

Cette année, pas de chance pour le duo. Les armillaires se font plus timides à cause du temps sec. Pour ce qui est des autres champignons comestibles trouvés sur le chemin, ils sont trop vieux et piqués par les vers. Ce sont ces champignons que j'ai trouvés avec Sasha il y a quelques jours, alors qu'ils étaient encore bons, dit Don.

Les Fyk ont emmené Sasha et sa conjointe Oxana, deux réfugiées ukrainiennes, en cueillette à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Fuyant la guerre, elles sont arrivées au Canada en mai 2022 et vivent ensemble à Dauphin, à moins d'une heure en voiture de Garland. 

Les deux Ukrainiennes se sont rencontrées il y a sept ans, près de Kyiv. À l'occasion d'un premier rendez-vous, Oxana avait servi de guide à Sasha pour trouver des champignons. Une expérience répétée au Manitoba, avec moins de succès.

Sasha et Oxana sur une banquette d'un pub
Sasha et Oxana, dans un bar, alors qu'elles habitaient encore en Ukraine.  Photo : Irina Bliz

Au début de l'été, alors que Sasha participait à un cours d'anglais destiné aux personnes réfugiées de l’Ukraine, elle s'est mise à discuter avec Anastasia, qui s'est portée volontaire pour aider les nouveaux arrivants. Anastasia s'est rendue compte qu'elles partageaient l'intérêt de la cueillette de champignons, particulièrement de l'armillaire. Les deux jeunes femmes se sont rapidement liées d'amitié, prévoyant de sortir cueillir ensemble dès que possible.

Elle est heureuse de pouvoir garder vivant cet héritage de ses ancêtres. Ça me fait du bien de savoir que je peux continuer cette chaîne et transmettre ces connaissances ici, souligne Anastasia.

Malgré tout, après un peu plus d'une heure dans la forêt, pas possible de faire apparaître des champignons là où il n'y en a pas.

Même si un temps sec peut nuire à la fructification des champignons sur les troncs des arbres, les armillaires dans la région sont probablement bien vivants et nombreux, mais cachés sous le sol forestier.

Le mycélium – les racines – est une série de liens invisibles au premier regard, qui s'étalent sur des distances considérables. Un réseau à l'image des liens culturels, eux aussi invisibles, qui unissent les cueilleurs et les cueilleuses en Ukraine et au Canada.

Don, agriculteur d'expérience et bricoleur habile, est fier de son héritage culturel ukrainien et de ses terres, le travail d'une vie. Il connaît chaque recoin des champs et des boisés familiaux, qu'il décrit avec un éternel sourire en coin et qu'il navigue au volant de sa camionette ornée d'un drapeau bleu et jaune.

Fille unique, Anastasia a plusieurs moyens de faire rayonner son héritage. Elle compte reprendre la ferme familiale pour jouer un rôle dans la transition vers une agriculture plus écologique. Elle accorde aussi une place toute spéciale à l'art ukrainien, puisqu'elle est elle-même artiste. Toujours dans un esprit de communauté.

L'ail, l'oignon et l'aneth, sont des ingrédients typiques dans la cuisine ukrainienne.  Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

De la forêt à la table
De la forêt à la table

Même s'il rentre à la ferme bredouille, pas de problème pour cuisiner des pidpenki pour le dîner, selon Don. On en a de l'année passée que nous allons pouvoir préparer, assure-t-il. 

En passant la porte de la petite maison rangée entre d'imposants bâtiments agricoles, les cueilleurs deviennent cuisiniers. La récolte de l'an dernier est sortie du congélateur, et les fourneaux s'allument.

Combien de temps je dois les faire cuire déjà?, dit Anastasia à son père. Demande à Baba, répond-t-il, un surnom commun en Europe de l'Est, qui désigne la grand-mère de l'agricultrice. 

Les champignons sont rapidement mis dans une poêle, dans un mélange de beurre et de crème. « C'est la recette typique que tout le monde utilise pour les pidpenki, explique Anastasia. Ail, oignon et aneth, c'est très typique dans la cuisine ukrainienne. »

Une odeur à la fois d'herbe fraîche et de forêt remplit la cuisine et la salle à manger. Anastasia, son père et sa grand-mère passent à table. Au menu : des champignons, du porc et des pierogis faits maison. 

Trois personnes qui mangent autour d'une table
Anastasia, son père et sa grand-mère partagent un repas cuisiné avec des champignons.  Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Non loin, deux photos en noir et blanc sont posées sur un comptoir de la salle à manger. Les personnes photographiées regardent l'objectif avec un air sérieux. Parmi elles, l'arrière-arrière-grand-mère d'Anastasia. Elle est née dans l'ouest de l'Ukraine, près de l'actuelle ville de Ternopil.

Une région qui a beaucoup changé de mains, comme toute l'Ukraine, aujourd'hui menacée par la Russie, explique Anastasia d'un air grave. Surtout au début de la guerre, je pleurais tous les jours. Je n'arrivais pas à me rendre compte que ça pouvait arriver, dit-elle, la gorge nouée.

L'agricultrice indique que l'Ukraine appartenait à l'empire austro-hongrois quand ses aïeuls l'ont quittée. Personne n'est resté en Ukraine, dit-elle. L'Ukraine, toutefois, est restée en eux. Ce n'est pas le cas pour toutes les personnes qui partagent ces racines.

Malheureusement, je suis la seule personne de ma génération qui parle l’ukrainien dans ma région [...] La langue, c'est la clé de la culture. Si on perd la langue, on perd la culture, estime Anastasia, une lueur de détermination dans la voix. Elle parle aussi couramment l'anglais et le français, langue que sa mère tenait à lui apprendre. 

Gros plan sur des anciennes photos
Les ancêtres des Fyk Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Pour garder ce sens qu'on est enraciné, qu'on a quelque chose qui nous tient, c'est important de garder notre identité culturelle et de passer ces connaissances à la prochaine génération, parce que peut-être maintenant, ils ne vont pas l'apprécier, mais dans 10, 20 ans, oui, poursuit-elle.

Cet attachement à la langue, c'est entre autres sa marraine, Rona, qui le lui a insufflé. C'est avec elle que je parle ukrainien le plus souvent, dit Anastasia. 

Le repas terminé, elle repart vers une maison plantée au milieu des champs, à environ 10 minutes de voiture de là. 

Une marraine au grand cœur. Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

En entrant chez Rona Kamfoly, une chaleur familière se dégage immédiatement des lieux et de leur propriétaire. Entrez, entrez!, insiste-t-elle, un grand sourire illuminant son visage. Même si les deux femmes ne sont pas liées par le sang, Rona regarde Anastasia d'un œil doux, rempli d'affection maternelle.

En gardant Anastasia quand elle était jeune, Rona explique fièrement qu'elle s'est fait un point d'honneur de lui parler uniquement en ukrainien, de la même façon qu'elle a été élevée.

Les Ukrainiens eux-mêmes sont surpris de certaines traditions que nous gardons vivantes ici. Ils ne me croient pas quand je leur dit que ni moi ni mes parents ne sommes nés en Ukraine, souligne Rona.

Les traditions ukrainiennes lui sont précieuses, comme peindre les œufs, nommés pysanka. Elle cueille aussi les champignons, dont l'armillaire, comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Cette année, je n'y suis pas allée parce que j'en ai plein le congélateur. Je ne voulais pas les gaspiller!, dit-elle.

Anastasia visite régulièrement le petit cimetière non loin de la ferme.  Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Une île ukrainienne dans l’océan des plaines
Une île ukrainienne dans l’océan des plaines

Dans la région où vivent Rona et les Fyk, les symboles de la culture ukrainienne sont nombreux. Pas surprenant, quand le Manitoba compte plus de 180 000 personnes d’origine ukrainienne sur une population d'environ 1,34 million de personnes, la plus grande proportion au Canada. 

En route vers Garland, où la grande majorité des habitants sont d'origine ukrainienne, Anastasia s'arrête dans un petit cimetière rempli de croix orthodoxes sur lesquelles on peut discerner des caractères cyrilliques. Une fine pluie glaciale glisse sur les tombes. 

La grand-mère de ma grand-mère est là, elle s'appelait aussi Anastasia, indique-t-elle. Elle est enterrée près de son mari, Ivan. C'est un peu d'elle que je tiens ma voix, dit-elle, avant d'ajouter : Parfois, je chante pour eux.

Un vent des prairies berce les feuilles des peupliers et les cheveux d'Anastasia alors qu'elle commence à chanter. Malgré sa petite taille, sa voix puissante résonne loin aux alentours avant de se perdre dans les champs de blé, de sarrasin et de canola.  

La chanson parle d'une personne qui est morte et qui chante depuis l'autre côté, explique-t-elle. Le chant folklorique ukrainien est une tradition chère au cœur de l'agricultrice. Comme son arrière-arrière-grand-mère avant elle, Anastasia chantera avec d'autres gens de la région ce soir au village, non loin du cimetière. 

Les chemins entre les champs sont parsemés d'églises ukrainiennes catholiques ou orthodoxes, certaines encore entretenues et utilisées pour des cérémonies. À Garland, deux de ces églises trônent entre les habitations et accrochent tout de suite le regard. Elles semblent à la fois à leur place et sorties d'une autre époque.

Malgré le fait que ces églises puissent accueillir plusieurs dizaines de personnes chacune, la localité ne compte maintenant que 19 personnes, dit Anastasia, avant de rectifier son propos, Non, 18. Bob est mort l'an dernier.

Une église ukrainienne.
Une des deux églises ukrainiennes à Garland Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Une dizaine de maisons sont éparpillées là, en plus du centre communautaire aux allures de hangar et d'un petit garage visiblement abandonné. Seul signe qu'il s'agit bel et bien d'un village : le minuscule bureau de poste sur lequel figure le nom de la localité.

À un coin de rue du bureau, caché entre deux haies, une surprise de taille : un imposant avion de modèle Vickers Viscount, mesurant presque 30 mètres de long et presque autant d'une aile à l'autre. Un mastodonte endormi, quasiment entier et arborant toujours l'inscription Air Canada sur son flanc.

Personne ne s'attendait à trouver l'aéronef si loin d'un aéroport, atterri là comme les ancêtres d'Anastasia, au milieu des prairies manitobaines. Mon père l'a acheté en 1982 pour 700 $, note-t-elle. 

Don a acquis l'appareil à Teulon, à près de 400 km de là, dans le but de l'offrir en cadeau de mariage à sa sœur. Après l'avoir désassemblé, organisé son transport par camion puis réassemblé, l'agriculteur l'a rénové et transformé en résidence nuptiale. Aujourd'hui, il sert de studio d'art et de maison d'été à Anastasia.

À l'intérieur, des fauteuils et des tables ont remplacé la cinquantaine de sièges qui accueillait autrefois les passagers et passagères. Divers projets artistiques sur lesquels Anastasia travaille reposent sur presque toutes les surfaces.

Ma vision c'est de transformer tout ça en galerie, d'avoir un autre endroit où les gens peuvent vivre et d'en faire une résidence artistique.

Un pavuk
Le pavuk est une décoration traditionnelle ukrainienne.  Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

De nombreuses œuvres sont d'inspiration ukrainienne, comme les pavuk ou araignées, faits de paille. Ils servent de filtres pour les mauvaises énergies. Des livres détaillent aussi la signification de symboles récurrents dans l'art de l'Europe de l'Est. Pour la Manitobaine, l'art est un médium essentiel pour préserver le savoir ancestral. 

C'est ça que je veux faire en tant qu'artiste, c'est de garder les connaissances et de les transmettre aux gens pour les garder en vie, souligne Anastasia.

« Ma vision c'est de transformer tout ça en galerie, d'avoir un autre endroit où les gens peuvent vivre et d'en faire une résidence artistique. » Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Voyage en Europe à vol de chanson
Voyage en Europe à vol de chanson

Le soir venu, la cabine de l'avion accueille de nouveaux passagers; Rona, Sasha, Oxana, et des gens de la région. Les deux réfugiées sont venues chanter les chansons de leur pays, tandis que les autres désirent en apprendre plus sur leurs racines lointaines.

Anastasia dirige la séance avec assurance, distribuant les paroles et expliquant les exercices et les chants. L'ambiance est conviviale, l'endroit prend des airs d'appartement animé par une soirée entre amis.

Avant de chanter, il faut se réchauffer, explique Anastasia en distribuant de petits verres contenant un alcool clair; de la vodka. Tout le monde trinque et les rires fusent. 

La première chanson qu'entame le groupe véhicule la tristesse, une nostalgie qui va au-delà de la langue. « Que veut dire « skuchaty »? », demande Rona. S'ennuyer de quelqu'un, répond Oxana.

Le groupe chante l'histoire d'une personne qui ressent un amour qui n'est pas partagé. Je ne m'ennuierai pas de toi parce que tu ne m'aimes pas, reprennent en chœur les membres du groupe.

Ce sont des chansons qui viennent de territoires ukrainiens occupés par la Russie, souligne Anastasia.

Des personnes qui chantent dans un avion
Les passagers et passagères chantent, côte à côte.  Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Entre deux chansons, les gens discutent. Sasha et Oxana parlent de chasse aux champignons. Si elles avaient des repères en Ukraine, elles en ont peu dans leur nouvelle terre d'accueil. 

J'ai trouvé une très belle forêt et je me suis dit qu'elle devait être pleine de champignons!, raconte Oxana.  Rapidement, elles se sont rendu compte que l'endroit était privé, comme beaucoup d'autres dans la région. Au terme de ses recherches, pas de champignons, note Oxana, affichant une moue déçue. 

Anastasia les a donc pris sous son aile. J'espère qu'avec elle, nos récoltes seront meilleures. J'aime les champignons, dit Oxana, esquissant un sourire timide.

Dans la région de Dauphin, les cueilleurs emploient des noms ukrainiens pour les champignons qu'ils ramassent. Mis à part pidpenki pour l'armillaire, ils appellent kozari l'amanite tue-mouches et pohanki plusieurs champignons non comestibles. 

Une amanite tue-mouches, ou « kozari », trouvée lors du premier rendez-vous amoureux d'Oxana et Sasha en Ukraine. Photo : Sasha Berdnik

Si Sasha est surprise d'entendre ces noms ukrainiens à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de son pays natal, Oxana l'est moins. Ce sont des vieux noms, mais je ne suis pas surprise parce que la langue ukrainienne ici [est isolée]. En Ukraine, la langue a beaucoup changé. Ici, il n'y a pas de contact avec des pays comme la Russie et la Pologne. La langue est plus claire, moins mélangée.

Même si elles sont installées au Canada depuis quelques mois, le spectre du conflit hante l'esprit des deux femmes. Je regarde les nouvelles toutes les 20 minutes [...] C'est difficile parce que mes parents sont encore là , dit Sasha.

À travers la langue et les champignons, Oxana et Sasha retrouvent des morceaux de leur pays au Manitoba. C'est un peu comme revenir en Ukraine, mais avant la guerre , souligne Oxana, d'un ton nostalgique.

Le lendemain, en après-midi, Sasha trouve un peu de temps libre pour partir seule dans un boisé, tout près de Dauphin. Elle espère conclure la saison de l'armillaire en beauté, puisqu'elle a eu peu de succès jusqu'à présent dans ses recherches.

Les sentiers sont dégagés et ils courent comme des veines entre les peupliers pâles. Les gels du début de l'hiver approchent, mais la végétation est toujours épaisse au sol, ce qui ne facilite pas la tâche de la cueilleuse.

Une femme dans une forêt
Sasha, agenouillée près de sa trouvaille. Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

« Voilà des champignons. Pidpenki! », s'exclame-t-elle, après seulement quelques minutes de recherche. 

Le visage de Sasha s'illumine, et elle enfile rapidement ses lunettes pour inspecter sa trouvaille de plus près. Le bouquet de champignons aux reflets dorés est un petit trésor pour la mycologue amateure.

Elle porte un armillaire à son nez, à la recherche d'une odeur familière, avant de déposer sa récolte dans son sac et poursuivre son chemin, satisfaite. Après tout, les conseils d'Anastasia ont porté leurs fruits. 

Une femme sent un champignon
La réfugiée cherche un parfum de son pays.  Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

Sasha et Oxana comptent bien retourner cueillir l'armillaire l'automne prochain avec Anastasia. 

Entre-temps, Sasha continue de souhaiter que ses parents viennent la rejoindre ou s'éloignent de la guerre. Dans un avenir possiblement rapproché, Oxana et elle veulent se marier, après plusieurs années à avoir contemplé l'idée. D'ici là, les trois femmes espèrent que l'Ukraine chemine vers une résolution du conflit. 

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